katchdabratch

S'engouffrer dans le sillon de mots indociles; y façonner des points d'appui, pour soi et quelques autres. Pétrir les silences qui sont une partie du terreau où s'ensemence ce qui nous dispose dans le jour. Les inviter à s'ébrouer. Apparaît alors parfois une ouverture, elle offre au souffle un fragment de miracle: ne plus craindre la douceur.

jeudi, novembre 30, 2006

Sylvia Plath

Hier soir, je me baladais, à moitié à Fribourg, à moitié à St-Moritz où je vais passer le week-end prochain. Je déambulais, les yeux fermés, avec l’impression que rien ne pouvait m’arriver, cette sensation si étrange qui vous étreint, parfois, lorsque vous êtes au volant, impression de toute puissance qui a été et sera encore fatale à plus d’un conducteur sûr de son fait, de sa maîtrise.

Les paupières closes, je posais les pieds sur un manteau blanc encore imaginaire, un habit de neige que l’hiver arrivant va bientôt nous offrir.

Je traçais dans ma tête quelques lignes à déposer sur le papier une fois rentré, je les trouvais parfaites.

Elles n’étaient pas de moi :

"[...] Désormais, je parlerai toute les nuits. A moi-même. A la lune. Je marcherai, comme je l'ai fait ce soir, jalouse de ma solitude, dans le bleu argenté de la lune glaciale, qui miroite sur les congères de neige fraîche en renvoyant des miliers d'étincelles. Je me parle à moi-même en contemplant les arbres sombres, d'une bienheureuse neutralité. [...]. Ce que je redoute le plus, je crois, c'est la mort de l'imagination. Quand le ciel, dehors, se contente d'être rose, et les toits des maisons noirs: cet esprit photographique qui, paradoxalement, dit la vérité, mais la vérité saine, sur le monde."

Libellés :

mercredi, novembre 29, 2006

Coupables. Point de chute, ou point d’orgue, peu importe.

Coupables, il suffit de parcourir quelques lignes, de laisser traîner ses oreilles ou de se perdre dans le pas très catholique tube cathodique.

Coupables, donc, mais pas sans appel, peut-être, du moins voilà ce que nous pouvons nous efforcer de croire.

Partant de là, acculés, chaussés de nos tout petits souliers, à quoi s’accrocher ?!?

Surgit alors une vie, minuscule, ou plutôt une mort, immense, survient surtout une histoire.

Ainsi que les histoires qui ombrent autour.

Commence l’acharnement, la croyance qu’il suffit de raconter pour échapper à l’entropie généralisée.

Une sorte de salut serait encore possible par l’écriture, par cette tâche si belle et solitaire qu’elle semble défier l’empressement contemporain.

Les sources manquent pour dire au plus juste, il ne s’agirait donc pas d’un témoignage, simplement l’esquisse d’une brève rencontre, d’un rêve que la plume a voulu prolonger, que l’encre va tenter de fouiller sans que la vérité, toujours illusoire, ne prétende s’y loger.

Libellés :

dimanche, novembre 26, 2006



"Parfois, en certains jours de lumière parfaite et exacte,

où les choses ont toute la réalité dont elles portent le pouvoir,

je me demande à moi-même tout doucement

pourquoi j'ai moi aussi la faiblesse d'attribuer

aux choses de la beauté."

Fernado Pessoa (Alvaro de Campos)

Libellés :

samedi, novembre 25, 2006


"Il y a des silences
Gros de silence.

Ils s'écoutent. "

Guillevic

Libellés :

mercredi, novembre 22, 2006

Le premier amour

Le premier amour, enfin, pour être exact, pas le premier amour, pas la fille, les filles, qui me faisaient pleurer quand j’avais dix ans, que j’étais dans ma chambre et que j’écoutais des slows., ces chansons à deux balles qui me font hurler de rire aujourd’hui.

Non, mais il s’agit aussi de chansons que j’ai commencés à écouter juste après cette période, et que j’écoute toujours, avec peut-être encore plus de plaisir qu’à l’époque.

Parce qu’elles me « parlent » d’avantage.

Durant cette période, c’était la puissance d’interprétation qui m’époustouflait, cette capacité à vivre une chanson à 200%, à exprimer, simplement par la voix, une palette infinie d’émotions.

L’impression que, « Ne me quitte pas » terminé, une vie ne pourrait pas suffire à son interprète pour récupérer, pour ramasser le cœur et les tripes déposés à nos pieds.

Hier, au volant, « La quête » dans les oreilles, dans le cœur et dans les yeux, autour de moi la pluie, je réalisais que Brel est la personne que j’ai aimé le plus longtemps dans ma courte existence, et cela n’est pas près de s’arrêter.

Trop d’images, trop de souvenirs, trop de rêves (seules choses que les hommes réalisent, Brel dixit) qui s’arc-en-cielent dans ma tête lorsque le timbre de sa voix vibre au fond de mes oreilles, titillant mon âme (je sais, Gary le signalait il y a déjà de nombreuses années, le terme est passé de mode, mais bon, je suis un peu têtu).

« J’ai plaisir à te dire que la nuit sera longue à devenir demain […]
Ce soir comme chaque soir nous refaisons nos guerres […]
Nous parlons en silence d’une jeunesse vieille [..]
Et je te sais qui pleures pour noyer de pudeur mes pauvres lieux communs […]
Parmi quelques ivrognes, des amputés du cœur, qui ont trop ouvert les mains […]
Je ne rentre plus nulle part, je m’habille de nos rêves […]
Six pieds sous-terre, tu frères encore »

Guyotat, un écrivain qui trouve intéressant (même thérapeutique pour être exact) d’écrire avec, dans la main, ce que les bonnes gens gardent sous leurs habits, s’indigne parce que l’on peut lire, sous certaines plumes, que Brel était un des grands poètes de la langue française.

Il a raison, ce n’était pas seulement un poète, il savait que l’écriture n’était pas tout, loin de là, il connaissait l’importance de la vie, serpentant entre des méandres de souffrance et des instants de partage lumineux.

Il n’aimait rien tant que refaire le monde, la nuit, autour d’une table.

Le jour, comme il le disait à un de ses amis alors qu’il avait abandonné le tour de chant, il attendait la nuit.

Bien lui en prenait, car grâce à lui et à sa « cathédrale » flottante, j’ai appris à pêcher les étoiles, ce qui n’a pas de prix.

Libellés :

lundi, novembre 20, 2006

Le bonheur, ben voyons

Comment passer d’une réflexion sur le bonheur à la vision de la littérature par Gabriel Garcia Marquez ?!?

Grâce au réalisme magique, bien entendu.

Aujourd’hui, dans « Le Temps », l’homme qui a « popularisé/vulgarisé » la résilience, ou du moins le concept de résilience puisque je ne crois pas qu’il existe d’études démontrant les bienfaits de la lecture de Cyrulnik sur le peuple, vulgaire ou pas, répond à quelques questions ; le neuropsychiatre parle de son nouveau livre et du bonheur, dont il ne peut pas donner de définition mais qui est, selon lui, « une illusion parfaite » , merci monsieur, que nous allons passer notre vie à chercher et grâce à quoi nous allons « trouver du sens », ah voilà qui fait plaisir.

Metin Arditi, quant à lui, estime qu’ « il n’y a pas de société heureuse sans art, sans artistes ».

Sans des gens comme lui, en somme.

Je pensais écrire ma théorie personnelle sur cette notion abstraite, quelque chose qui aurait eu la prétention d’être moins « gentillet » que le « there is no way to happiness, happiness is the way » des bouddhistes new-age, mais qui, en réalité, il faut être conscient de ses faiblesses, aurait dit la même chose.

Puis Garcia Marquez m’a sauvé, grâce à un article inédit paru dans « Le magazine littéraire » de novembre 1981 qui s’intitule « la poésie à la portée de tous ».

L’auteur du génialissime « Cent ans de solitude » y déplore la quantité d’aberrations que des critiques de renom, des universitaires surqualifiés (Benoît, je vais t’envoyer une copie, tu verras comme ça fait du bien) estiment découvrir dans ses livres. Sa conclusion, que je vais faire mienne, même si on est en droit de penser qu’elle n’a rien à voir avec ce qui précède, est la suivante, alors débrouillez-vous avec ça :

« Pour tout dire, un cours de littérature ne devrait être guère plus qu’un bon guide de lectures. Toute autre prétention ne sert à rien d’autre qu’à effrayer les enfants ».

Libellés :


Partir de l'Aubier, après un café, le froid effleure le visage, le corps est chaud, instants agréables au-delà des mots.

Monter la rue du Château, tranquillement, opter pour les escaliers jusqu'à la Collégiale, saluer Guillaume Farel si sûr de son fait, Bible en mains.

Gravir encore quelques marches pour contempler le lac à travers un rideau de branches, puis, un peu voyeur, profiter du rendez-vous du soleil avec les nuages.

Libellés :

jeudi, novembre 16, 2006


Parfois les arbres vous tendent les bras,
vous vous mettez alors bien sagement près d'eux,
vous êtes de la famille,
vous laissez faire le vent.

Libellés :

mardi, novembre 14, 2006

Penser, pas croire

Friedrich est encore en train de me scruter, étalé sur la table, lorsque je consulte mon courrier électronique et tombe sur ce petit quelque chose un peu dérangeant.

Une pub réalisée par MTV, on y voit, successivement, un sidéen, une personne qui n’a pas de quoi manger puis un sans abri. Ils sont au premier plan. Dans le fond, on voit les tours jumelles qui flambent.

Apparaissent alors des chiffres : 2'863 personnes mortes pendant les attentats, des millions à cause de du HIV, de la faim et de la pauvreté.

Le slogan ?

« Le monde s’unit contre le terrorisme. Il devrait aussi s’unir contre la faim, la pauvreté et le sida. »

Cette publicité n’a pu être diffusée qu’une fois avant d’être interdite, MTV compte sur internet pour transmettre ce message de solidarité.

Que faut-il en penser ?!?

MTV, emblème de l’abrutissement de masse qui nous gangrène, qui se la joue bonne conscience d’un monde occidental qui se cherche, se mord la queue avant de se rappeler qu’il a des pattes, des ailes, des dents longues, beaucoup trop longues, tout ce qu’il faut pour être le monstre apocalyptique annoncé il y a bien longtemps.

MTV qui vient ajouter une brique de plus à la culpabilisation de masse qui s’insinue, par des siglaisons non gouvernementales avides de fonds, sous une forêt de publicités exaltant le désir.

« Société du harcèlement ou de provocation » disait Gary.

Société schizophrène qui s’étonne d’accoucher chaque jour d’un peu plus de cas mentalement instables.

Wajdi Mouawad, dans le Monde du 25 juillet (http://www.remue.net/spip.php?article1728&var_recherche=liban), écrivait un magnifique « cri pour le Liban », qu’il concluait en montrant que la situation nous mettait devant un choix insupportable : celui de la haine ou de la folie.

J’opte d’abord pour la folie, je me sens tout de suite très entouré.

Je me tourne alors vers la haine, puisque je n’aime pas me fondre dans la masse, mais voilà que ça grouille encore plus.

Devant mon ordinateur, moitié de « bobo » que je suis, puisque mon pouvoir d’achat ne me permet pas, et ne me permettra jamais, je l’espère, de m’affubler du qualificatif de bourgeois, je tente de me transformer en loutre.

J’adore les loutres.

Ca ne marche pas.

Tant pis.

Libellés :

lundi, novembre 13, 2006

Dürrenmatt

Un type un peu décalé, un petit sac sur le dos, toujours en train de griffonner de pages et des pages.

Non, ce n’est pas moi, mon sac n’est pas petit, désolé.

Voilà longtemps que l’on discute littérature lorsque nous nous croisons à l’Aubier, un café neuchâtelois que j’adore. J’ai, depuis la première fois où nous avons échangé quelques mots, appris qu’il s’agit d’un écrivain du coin, grand adepte de Denis de Rougemont et de Jaroslav Hasek (une fois de plus, Gary m’a été utile pour faire la connaissance de quelqu’un sortant du commun, puisque j’avais eu vent de cet auteur grâce à une nouvelle de Gary dans laquelle apparaît un soldat Chveik, référence directe à Hasek et à ce personnage picaresque. Bref.).

Il m’a envoyé (ni Gary ni Hasek, l'homme au petit sac), cette semaine, une photocopie d’un texte de Dürrenmatt absolument grandiose paru dans « L’Impartial » en 1990, il s’y demande ce que devient l’écrivain qui se refuse à « étaler son moi ».

Est-ce qu’il lui reste des histoires possible si « […] rien ne le pousse à exposer ses propres aventures et sa manière personnelle de coucher avec les femmes, comme si l’exactitude du tableau avait quelque chance de transposer la chose aux dimensions universelles, alors qu’elle semble plutôt devoir la faire verser au dossier d’une enquête médicale ou psychologique ; […] » ?!?

Il en profite pour parler de la presse hebdomadaire illustrée qui se gave des « figures interchangeables de l’actualité, périmées déjà dans le moment qu’on parle d’elles. »

Grand pourfendeur que je suis de l’ « autofiction » et de tous les tas de vomis qui nous sont servis sur un plateau par les personnes médiatiques qui prennent la plume pour parler de leur petite cuisine personnelle, je ne peux qu’abonder dans son sens.

Je pense aussi, en lisant ses lignes, aux séries télévisées qui pullulent et qui, par des nouvelles qualités sorties de je ne sais trop où, sont censées faire de l’ombre au Grand écran.

Pour me tenir au courant, puisque je ne regarde par grand chose à la télé hormis des matchs de foot, il m’est arrivé, il y a quelques mois, de demander qui étaient donc ces quatre personnes magnifiques qui faisaient la une de tous les magazines qui se respectaient.

Le titre de la série semblait assez bien résumé à quoi il faut en être réduit pour regarder ces donzelles « couchoter » à gauche à droite.

Aujourd’hui, elles ne sont déjà pratiquement plus d’actualité, d’après ce que j’ai pu comprendre.

Voilà qui me (ré)conforte, j’ai meilleur temps de me replonger dans « Le juge et son bourreau » plutôt que de passer un week-end à profiter d’un des coffrets magiques estampillés « saison intégrale » qui font le bonheur de la Fnac, entre autres.

Et je profiterai d’une pause dans ma lecture pour aller me louer « The Pledge », un film et une histoire qui, par-delà les mois, ne peuvent pas laisser indifférent.

Merci Mr Dürrenmatt.

Libellés :

mercredi, novembre 08, 2006

Maelström cérébral

Théorème à démontrer : Je suis incapable de rédiger quelque chose de cohérent qui excède deux paragraphes.

Une de mes grandes difficultés, en effet, lorsqu’il s’agit d’élaborer quelque chose de concret, réside dans la nécessité de structurer les différents éléments qui vont former le tout.

Il suffit de demander à Gabriel, avec qui j’ai travaillé sur plusieurs séminaires d’histoire, ou à Benoît, qui est un des seuls à recevoir mes mails qui partent dans toutes les directions en finissant par ce mordre la queue, ce qu’ils en pensent.

Au lieu de faire mon possible pour changer cet état de fait, j’ai l’excellente idée de lire toujours une dizaine de livres en même temps (un aux toilettes, cinq dans mon sac, trois sur ma table de nuit,…), je vous laisse donc imaginer le maelström qui brouillarde (ça, par exemple, même si ça n’a rien à voir, c’est typiquement le genre d’usage brelien de notre vocabulaire que j’ai envie de voir rayonner dans mon écriture) dans ma tête lorsque je réfléchis à tout ce que mon petit cerveau a dû ingurgiter (je ne m’attarderai pas sur mes rêves, parce que là vous risquez de me demander ce que je « croque »).

Ces derniers temps, plusieurs éléments confus se pressaient au portillon, surtout deux notions qui revenaient avec insistance, celles du Temps et celle de Beauté (qu’un philosophe récent regrette, le Bien aurait pris le dessus, ce brave homme a sans doute apprécié d’apprendre que le record mondial pour le prix d’une œuvre d’art avait été battu : 140 millions de dollars, je tire mon chapeau bien bas, et je me relève très vite pour le faire ingurgiter au champion du monde en question).

Lorsque l’on pense au temps qui passe, il est forcément question de la mort, j’appréciais donc, il y a peu, d’accompagner ma maman au cimetière pour fleurir mon grand-père, je me disais que le lieu serait propice pour laisser nuager mes pensées.

Nous arrivons, nous nous parquons bien sagement le long de la route, je soulève le bac à fleurs qui pesaient deux tonnes (je commençais à me douter qu’il y avait une arnaque), je me dirige vers le portail, le franchis et là, surprise, la partie centrale du lieu semblait avoir été la cible de diablotins épris d’un furieux besoin d’exhumation à tout va.

Ma maman a alors pris le temps de m’expliquer que les endroits où sont situées les tombes sont généralement payés pour vingt ans, et qu’ensuite les communes sont libres de les déblayer.

Alors voilà, tout ça pour vous dire que, dans le cimetière de Champagne, le temps et la Beauté ne font rien à l’affaire, quand on est con on est con.

CQFD

Libellés :


J'ai toujours été seul... Pourtant j'aime l'humanité, mais de loin.

Eugène Ionesco

Libellés :

mardi, novembre 07, 2006


Le goût de l'eau
Me pénètre le coeur
Voici l'automne

Santoka TANEDA

Libellés :

samedi, novembre 04, 2006

Livres, alcool et autres débauches

Samedi matin. 6h.

Je commande le premier café (latte macchiato pour être précis) de la journée du buffet de la gare de Neuchâtel. La dame qui prend ma commande regarde les livres que j’ai déposés sur la table, fait une drôle de tête, puis esquisse un sourire.

Je pourrais lui dire que cela fait 45 minutes que je suis assis sur un banc à bouquiner, en attendant que ça ouvre, parce que j’avais oublié que c’est le week-end, que la vie change légèrement de rythme. Je pourrais lui dire que ce que j’aime le plus sur terre, c’est lire et écrire, que les jours comptent assez peu pour ce genre de pêchés mignons.

Je me contente de sourire puisqu’il paraît que c’est ce que je fais de mieux.

Je lève un peu les yeux (comme Romain dans « La promesse de l’aube », mais oui !!!) pour déchiffrer quelques lignes inscrites au-dessus du comptoir : « Il ne sera pas servi d’alcool avant 9h le samedi, dimanche et les jours fériés ».

Quand on travaille, on peut s’autoriser un petit remontant de bon matin, pour faire face, pour garder la face, encore que, le reste du temps, il faut patienter un peu, tout de même.

Le moral des accros est dans les chaussettes, mais la morale est sauve, c’est le principal.

Je pense alors, en vrac, à toutes les fois où l’on m’a regardé avec des yeux de merlans frits parce que je déclinais l’offrande d’un verre de blanc, ou de rouge (je veux du NOIR, mais y en a pas…).

« Comment ça ?!? (petite pause marquant l’incompréhension, puis une lueur dans les yeux, un petit sentiment de gêne. C’est qu’il a un nom bizarre, l’animal, on a tendance à l’oublier…) Ah… La religion ?!? »

Non, patate, je ne suis pas musulman, même si le 90% de ma famille l’est, pas un intégriste dans le tas, encore qu’en fouillant bien, il faut ce qu’il faut, vous devez sans doute connaître quelqu’un qui mange de la raclette avec du ketchup, c’est juste une question de statistique et de sensibilité personnelle.

« Pas d’alcool avant 9h », je pense, toujours en vrac, à la Loi anti-racistes que l’UDC souhaite abroger, liberté d’expression oblige, je pense à la Poste qui va supprimer 500 emplois, mais sans licenciements, oui, oui, c’est possible. Je pense aux Verts et aux Socialistes qui se disputent comme des gosses dans une cours d’école.

La dame a raison, il devrait être interdit, le plus souvent possible, de réfléchir avant 9h, et plus si affinités.

Libellés :

vendredi, novembre 03, 2006

Musique quand tu nous tiens

« Sous mes doigts oublieux, la mélodie galopait comme jamais. La cause étant perdue, Jonah chantait avec l’incarnation de la mort assise sur son épaule, la chevauchée devenue plus haletante encore en raison du faux pas qui avait interrompu le battement de nos cœurs. Nous atteignîmes cet état pour lequel vivent les gens de scène : une éternité implacable, et plus rien entre les notes et le passé instantané vers lequel elles se précipitaient. »

Ces quelques lignes sont extraites d’un livre somptueux intitulé « Le Temps où nous chantions », traversée d’un demi-siècle d’histoire américaine aux côtés d’une famille constituée d’un physicien juif allemand, de son épouse noire et de leurs enfants. La musique cimente ces personnages dans un quotidien où le sceau de la différence pèse de tout son poids ignoble.

Ce matin, massant Béatrice, une musique guidait mes mains, me dictait les gestes que je devais faire, car mon esprit était ailleurs. J’avais mis, pour l’occasion, un CD que je n’avais pas écouté depuis longtemps, perdu qu’il était sous une pile d’autres disques. Il s’agit de « Pancha Nadai Pallavi » de Shankar. Pas Ravi, le père de Norah Jones, un autre musicien au sujet duquel il est pratiquement impossible de trouver des informations sur internet. Pourtant cet enregistrement fait partie des rares musiques qui, véritablement, me mettent dans un état second. Une puissance hypnotique par la grâce des cordes d’un double violon manié divinement.

On est vraiment à des années lumières de certains objets musicaux trop bien identifiés qui foisonnent à la télé. Je me permets, pour en parler, d’utiliser une réplique de Jean Genet volée délicatement dans le superbe dernier livre de Lydie Dattas : « La chaste vie de Jean Genet ». Lorsque quelqu’un lui demande ce qu’il pense des tours du World Trade Center qui viennent d’être érigées, il répond : « J’aime encore mieux regarder mes vieilles chaussures ».

Libellés :

jeudi, novembre 02, 2006

Libellés : ,