katchdabratch

S'engouffrer dans le sillon de mots indociles; y façonner des points d'appui, pour soi et quelques autres. Pétrir les silences qui sont une partie du terreau où s'ensemence ce qui nous dispose dans le jour. Les inviter à s'ébrouer. Apparaît alors parfois une ouverture, elle offre au souffle un fragment de miracle: ne plus craindre la douceur.

dimanche, septembre 13, 2009

sensation de basculement







C’est un peu comme si toutes les musiques qui déambulent dans ma tête, d’un coup, s’emparaient de mes regards pour les déporter d’un côté ; sensation de basculement plutôt agréable, le poids du corps se concentre dans une zone, imprimant à ma silhouette un mouvement qui de loin doit faire penser qu’il est empreint l’ivresse ; il n’y est pas allé de main morte le barbu là-bas.

Un peu moins d’une année après avoir regardé mes hypothétiques dernières minutes dans les yeux, quelques vertiges ont rythmé mes jours dans les vignes.

De petits saignements de nez, également, un phénomène qui avait accompagné la période précédant mes salutations à la Suisse ; maintenant que j’ai décidé d’y revenir un moment, bientôt, ceci se produit de nouveau.

Rien d’inquiétant, au contraire, je vis ces moments étranges et vertigineux comme autant de pics que je gravis inconsciemment, comme par anticipation, une prise de hauteur qui m’offre un nouveau point de vue, plus large.

J’aime croire possible que, physiquement, je déchiffre des bouleversements émotionnels à venir ; comme ces animaux qui sentent les tempêtes.

Ma grande sœur a eu cette sensibilité pendant longtemps.

C’est qu’il n’y est vraiment pas allé de main morte, le barbu.

Ma grande sœur a eu cette sensibilité pendant longtemps, mais cela l’a effrayée.

De mon côté, je suis en permanence « marqué » par les événements échappant à l’entendement qui se sont invités sur mes sentiers, ou que l’on m’a racontés ; ils sont moi et « en moi » bien plus que l’ascenseur social où trop de gens veulent sauter.

Ils y arrivent parfois, mais de plus en plus souvent les fils lâchent, et l’illusoire sécurité avec.

Combien de suicides en quelques mois chez France Telecom ?!?

On est en droit de considérer que ceci n’a rien à voir avec cela, on a le droit de penser qu’un film comme « Home », culpabilisant tout un chacun en idéalisant la nature de manière à lui faire perdre toute représentativité dans le quotidien, sans mettre qui plus est en perspective que le problème principal est dans le fonctionnement de tous ceux qui ont financé ces images (quand le bio, le zen et l’humanitaire se drapent de marketing, ils ne sont déjà plus bio, zen et humanitaire ; ils puent l’argent et ses dérives.), est une bonne chose, oui on est en droit ; mais j’ai l’impression qu’alors on ne voit pas à l’endroit, ou en tout cas rudement à l’étroit.

Parce que si tout le monde croyait aux fantômes et aux prémonitions cela changerait quelque chose ?!?

Attendez, je crois que j’ai quelque chose pour vous ; je ne le trouve plus, ah si, voilà :

Va fa Napoli.

C’est un peu comme si toutes les musiques douces qui déambulent dans ma tête, d’un coup, s’emparaient de mes regards pour les déporter d’un côté ; sensation de basculement plutôt agréable, le poids du corps se concentre dans une zone, imprimant à ma silhouette un mouvement qui de loin doit faire penser à de l’ivresse ; il n’y est pas allé de main morte le barbu là-bas.

Hier, je suis allé dans un horrible cinéma de zone industrielle, je suis allé voir un film en images de synthèse, donc au budget astronomique, avec force merchandising autour, toutes choses m’énervant prodigieusement ; oui, comme vous pouvez le constater, j’ai fauté. Et le pire, c’est que j’ai passé un merveilleux moment, vraiment.

Il y a dans « Là-haut » une telle quantité de discussions à avoir avec un enfant que cela me met en joie ; comme le foot, qui me semble ouvrir bien plus de portes que l’enseignement pour « parler » à certains gosses, ces images me semblent être en mesure d’élargir des horizons.

Bon, je dis « me met en joie », mais j’ai découvert grâce aux publicités précédant le film que la joie a un prix, et qu’elle se définit en trois lettres : BMW.

La voiture comme incarnation de la jovialité, fantastique.

C’était donc des feux de joie, dans les banlieues ; voilà qui me rassure.

Parce que si tout le monde croyait aux fantômes et aux prémonitions cela changerait quelque chose ?!?

Sans doute que non, en tout cas je crois aux pouvoirs des histoires, à la fin de l’impossible qui entoure l’imagination ; trois ans que je vous bassine avec ça par ici.

Trois ans que vous me soutenez dans la blogosphère.

Bel effort.

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mercredi, septembre 09, 2009

lecture en plan

"Serrallac but une gorgée de café en observant le souvenir, qu'on regarde toujours en silence."

Cette phrase tout juste achevée, j'ai laissé ma lecture en plan pour écouter l'averse de larmes qui jaillit de la fenêtre. Un petit garçon dit qu'il veut que son papa revienne, il n'est pas d'accord que ses parents se séparent.

Sa maman tente de contenir cette tristesse énorme, propose de téléphoner.

"Non", il répond, "je t'ai déjà dit que je pleure encore plus, après".

"Je suis perdu", soupire-t-il.

L'altitude de ce bonhomme? Cinq ans.

Cinq ans.

Cinq ans.

Je sais, l'écrire dix fois ne le fera pas vieillir, ni pleurer moins.

Mais après ça, je suis incapable de reprendre ma lecture, alors je me débarrasse comme je peux; pis ça ne marche même pas, je sens qu'il va venir flotter dans mes rêves, ce petiot.

Merde, à cinq ans, dire "je suis perdu", moi ça me met dans tous mes états.

J'ai fait le poirier un moment, pour voir si à l'envers me venait une idée qui l'aiderait à se retrouver.

Ben non, j'ai juste eu l'air d'un guignol avec des cheveux trop longs; ou d'un blaireau qui se prend pour une autruche.

Mon petit frère, une fois que je lui demandais ce qu'il entendait par "un type paumé", m'avait répondu, "ben un gars qui ne sait même pas où il est"; logique, en fait.

"Serrallac but une gorgée de café en observant le souvenir, qu'on regarde toujours en silence."

Peut-être que de passer la journée à entendre des personnes parlant comme des charretiers me rend plus sensible à cette scène si banale, de par chez nous; peut-être qu'en fait, c'est précisément quand on sait où on est, mais qu'on ne cesse pas de s'en émouvoir, qu'on se sent parfois paumé devant une certaine indifférence feutrée, ou face à une grossièreté toujours déplacée.

Bon, je vais aller zyeuter le foot, la magie du ballon me redonnera du mordant;

Et au passage, le bouquin, parce que c'est un sacré bouquin, "Les voix du pamano", de Jaume Cabre.

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dimanche, septembre 06, 2009

au détour d'une confidence

Le froid s'entortille à nouveau dans les filets que la nuit lance pour nous capturer, la lune contemple le travail, pleine, goguenarde; alors enfiler "une petite laine", et "glisser une couche dans son falezard" en pensant à ma mère-grand; qui n'a pas froid aux reins rien ne craint.

"Tu ne trouves pas qu'elle a un petit air d'Agnès Jaoui?"

"Je ne sais pas qui c'est."

"Mais oui, elle a écrit et joué dans plusieurs films avec Bacri."

"Depuis "The Wall", des Pink Floyd, je ne suis pas retourné au cinéma. J'ai pris ça en pleine face, je me suis dit qu'il n'y avait plus rien à ajouter."


Je l'écoute, je sonde ces yeux qui, survolant les blagues qu'il n'a de cesse de raconter quand il y a du monde, dégagent une tristesse infinie.Y brille également l'éclat terne de celui qui se sent profondément coupable de vivre là où il vit, alors que d'autres; alors que la grande majorité des autres.

Avant ces propos venus confirmer ce que j'avais deviné dans ce regard en eaux troubles, il m'avait parlé d'un documentaire sur les nanotechnologies, sur ce que sera le monde de demain pour une poussière dorée de l'humanité; des humanoïdes sans cancer, des sourds et des aveugles qui ne le seront plus, une reproduction asexuée; la mise en place de bien des univers fantasmés par des auteurs de SF visionnaires, rien de moins.

Je songe à mes grands-parents, à la place qu'ils ont eu dans mon existence, qu'ils ont toujours puisque je déambule en équilibre sur un fil tissé de souvenirs et de rêves; des envies que, pour beaucoup, je leur dois.

La vieillesse, la maladie, la mort, je ne peux m'empêcher de considérer cela comme des branches composant l'arbre que le petit gosse que je serai toujours gravis depuis ses premiers pas; parfois il y en a une qui casse, alors il faut tenter de trouver une autre prise, parfois on se retourne pour tendre une main; je n'ai pas envie que l'on rase les branches et que l'on mette une échelle; je n'ai même pas envie d'une corde, je m'en remets à moi et aux autres grimpeurs; souvent, on s'assied, on contemple la vallée, on lève la tête en souriant puisque l'on sait bien qu'il n'y a pas de sommet, que c'est aussi cela qui nous plait; on mange un bout de fromage avec un petit verre de blanc, "on s'fait un grognard" comme on dit par chez moi, puis on repart, en tout cas certains, avec l'envie de ne pas prendre trop de retard sur cette vie qui donne à la curiosité mille moyens de s'assouvir.

Dans son nouveau livre, que je n'ai toujours pas lu, Quignard écrit qu'il a passé sa vie à chercher les mots qui lui faisaient défaut; quête de(s) sens et d'essence tellement plus louable que la création délurée de nouveaux besoins qui caractérise la prise de pouvoir de la Science et de la Finance.

Le froid s'entortille à nouveau dans les filets que la nuit lance pour nous capturer, la lune contemple le travail, pleine, goguenarde; alors enfiler "une petite laine", et "glisser une couche dans son falezard" en pensant à ma mère-grand; qui n'a pas froid aux reins rien ne craint.

"Et toi, Karim, on ne t'entend pas; tu es toujours aussi sage et silencieux?"

Je souris, je pense à ce que diraient les Petchons s'ils entendaient ça, ou les potes du basket qui, un soir où ils étaient venus manger une raclette à la maison, m'avaient demandé, tout surpris, à qui étaient ces bouquins qui débordaient de partout.

Sortir de mes marques, c'est aussi redevenir cette observateur que je ne peux plus être quand je suis dans un environnement où je suis considéré comme un moteur.

Qui a dit un agitateur?

Me déplacer, voire m'effacer parfois, c'est me donner la possibilité de me révéler pleinement dans ce balancement entre "méditation" et prises de position.

Ce que j'aime plus que tout, dans ce décalage, c'est combien il permet à d'autres, connus ou inconnus, de laisser surgir des mots que le quotidien semble avoir empêchés, que les habitudes ont entachés.

Des paroles empêtrées surviennent au détour d'une confidence, et , dans cet instant où le moment se pare de confiance, quelque chose survient qui, même quand il me laisse sans voix, surtout quand il me laisse sans voix, a un goût d'absolu.

Envie de passer ma vie à sculpter ma sensibilité en débusquant, dans cette partie cachée que certains êtres me découvrent, les mélodies à même de se déposer sur des battements de cœur; ou d'embrasser leur arrêt.

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mardi, septembre 01, 2009

défier la gravité









Caressé par le crépuscule, le paysage s’étire, bâille, il va être l’heure d’aller se coucher ; les arbres, dans ce coin des Landes, le sont en fait en permanence depuis que des vents violents l’ont décidé, il y a quelques années. Ils donnent l’impression de défier la gravité, de s’être figés dans leur élan pour embrasser le sol.

C’est souvent une excellente idée de défier la gravité, surtout en cette période où pour de troubles raisons d’aucuns tentent d’essaimer une peur malsaine, à grand renfort de « Grippe A » claironnée comme un refrain entachant le quotidien.

Je crois que je ne cesserai jamais de m’étonner devant ce qu’est devenue notre trouble relation au monde et à l’information ; une saynète est venue illustrer ceci à merveille, il y a deux jours. Nous discutions au soleil, avec Maud et Peyo, lorsque ce dernier a consulté un SMS qu’il venait de recevoir.

« Ah, il y a eu une nouvelle tuerie aux Etats-Unis ; et le PSG a gagné 3 à 0. On parlait de quoi déjà ?!? »

Le jour d’avant, nous étions allé donner un coup de main à Maud pour les rangements de la "colo" où elle a travaillé pendant deux semaines ; il y avait notamment des livres et des BD à réparer, je suis allé retrouver Armand qui, équipé de scotch, avait commencé à faire son possible.

« Nous voici en train de faire un travail d’orfèvre », lui ai-je laissé entendre, tout sourire de m’improviser restaurateur.

« Ouais, c’est re-lou », ai-je obtenu comme réponse.

J’ai hésité à lui demander ce qu’il pensait du fait qu’il y ait à nouveau une statue de Staline, dans le métro de Moscou, mais j’ai renoncé ; je suis souvent re-lou, en fait.

Heureusement que la Grippe A me fait de l’ombre ; attention, derrière vous, quelqu’un tousse !

J’ai dû lire et entendre le terme « pandémie » plusieurs fois, on prévoit le pire parce qu’il s’agit d’organiser « la continuité de la vie économique », parlait-on alors de la Connerie ?!?

Caressé par le crépuscule, le paysage s’étire, bâille, il va être l’heure d’aller se coucher ; les arbres, dans ce coin des Landes, le sont en fait en permanence depuis que des vents violents l’ont décidé, il y a quelques années. Ils donnent l’impression de défier la gravité, de s’être figés dans leur élan pour embrasser le sol.

Pablo et moi étions dans la voiture ; à la radio, il était question de Claude Nougaro, son épouse et Maurane lui rendaient hommage ; ils ont passé « L’île Hélène », embuant mon regard. Je pensais à plusieurs page de « La plus que vive » de Bobin, notamment celles où son amie lui explique qu’elle a mis un tableau qu’elle aime près du sol pour que les enfants le voient en passant ; parce qu’on apprend beaucoup de la beauté, qu’il est judicieux de la mettre, ainsi que son savoir, à disposition.

Donner envie plutôt que contraindre, ou comme le formule Bobinot : « L’intelligence, c’est l’amour avec la liberté ».

Abd al Malik toujours dans mes oreilles, « la suspicion, c’est quand un homme a peur et que l’autre, en face, ne le rassure pas ».

Entre ces deux vérités, la Connerie balance.

Je pars vendanger, demain, ensuite je rebondirai directement dans des vergers remplis de pommiers, histoire d’aller faire quelques passements de jambes entre échelles et cageots.

Pas d’Internet dans les environs, donc je ne vais pas vous faire signe pendant un moment ; je reviendrai avec, je l’espère, des photos à même de vous réjouir ; ainsi que quelques paragraphes qui auront survécu aux coupes automnales.

Toujours bien tendrement vôtre.

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